En design, le niveau de spécialisation tient à deux caractéristiques principales : le domaine d’application et le degré de technicité.

Tous les métiers du design partagent à la base un ancrage commun dans les arts appliqués. Tout designer possède donc un minimum d’accointances avec le dessin, souvent lié au sens du détail, du petit élément dans la composition qui fera la différence (ce qui n’est donc pas rien, mieux vaut que le designer soit vraiment à l’aise dans ce domaine !). Les différences majeures entre les uns et les autres se font ensuite sur les domaines dans lesquels ils exercent leurs crayons et sur les compétences techniques spécifiques qu’ils acquièrent en complément pour y parvenir.

Concernant la part de compétences techniques, difficile en effet de se réclamer « designer produit » sans savoir un minimum comment on injecte du plastique. Difficile de se prétendre « designer graphique » sans faire la différence entre impression offset et impression numérique. Et ainsi de suite… En fait, la spécialisation du design est sans cesse dictée par l’évolution des techniques et l’apparition de nouvelles qui peuvent nécessiter un apprentissage spécifique. Par exemple, l’apparition des technologies 3D a conduit des designers à se spécialiser dans leur maîtrise. Cette évolution est sans fin. Elle demande aussi aux designers d’être de plus en plus en capacité d’échanger avec des techniciens pointus auxquels ils doivent s’associer.

Concernant les domaines d’application, on peut voir qu’ils sont parfois intimement associés à des techniques spécifiques mais ils sont aussi affaire de culture. Pour reprendre l’exemple de l’imagerie 3D, les graphistes 3D spécialisés dans les rendus d’architecture sont habitués à échanger avec les architectes. Ils maîtrisent leur vocabulaire, comprennent plus facilement leurs intentions et se sont appropriés les codes et tendances en vigueur dans le domaine. Ces codes et tendances seront bien différents pour un graphiste 3D spécialisé dans le packaging…

Design généraliste VS design spécialisé : l’exemple des designers intégrés et externes

Les deux aspects de la spécialisation, technique et culturel, se retrouvent bien dans les différences entre un designer intégré et un designer externe. Lorsqu’il est intégré au sein d’une entreprise, le designer devient plus familier de ses process et de sa culture interne. Il se les approprie et les intègre directement dans sa conception de sorte à être plus rapide. Il peut parfois mettre lui-même de côté des alternatives peut-être un peu plus complexes à faire aboutir, mais ayant peut-être aussi un potentiel plus développé…

Le designer externe est moins tenu par ces éléments. Il peut exercer un œil plus détaché et donc un peu plus libre. Mais cela peut aussi impliquer une moins grande familiarité avec les techniques et les équipes. Les deux positionnements ont donc leur intérêt.

Les entreprises aux démarches de conception les plus abouties font d’ailleurs souvent appel simultanément à ces deux profils !

Les domaines d’intervention

De façon très large, 4 grands domaines d’intervention permettent de faire un premier découpage, comprenant chacun d’innombrables sous-domaines :

  • l’image : identité visuelle, illustration, packaging, web design, user interface (UI), facilitation graphique…
  • l’objet : design mobilier, design de produits électroniques…
  • l’espace : design d’espaces commerciaux, standistes, événementiel, scénographie, design de bureaux…
  • le service : User Experience (UX), design de politiques publiques…

NOTA BENE : Cela ne tient pas particulièrement compte d’un problème grandissant : le « naming ». Dans le but de clamer une capacité spécifique, de se différencier ou simplement de se donner des airs (de quoi ?), certains ont vite fait d’inventer de nouveaux noms (et prétendument nouveaux métiers). Désolé, mais lorsque cela amène plus de complexité que de lisibilité, nous ne voyons pas bien l’intérêt…