Se représenter les choses, c’est les penser. Avec le design, le dessin n’est donc pas utilisé uniquement pour donner forme à une solution. Il permet tout au long du processus de mieux poser les problèmes.

La visualisation est une des compétences fortes associées au design en tant que discipline. On touche là aux compétences spécifiques des designers. Issus des arts appliqués, ils maîtrisent la langue des formes comme d’autre maîtrisent l’anglais. Ils sont donc les traducteurs-interprètes de l’équipe projet dans ce domaine.

De par leur tendance à produire des supports visuels – croquis, storyboards, maquettes, profils types, parcours utilisateurs – les designers recentrent le processus d’innovation sur le changement attendu.
Christian Bason, ancien directeur du MINDLAB,
Laboratoire d’innovation publique pour le gouvernement danois

Il s’agit tout au long de la démarche de mettre à profit ces compétences pour rendre concret et visible une pensée, une idée ou un ensemble complexe en lui donnant forme, couleur et sens. Ce travail sur la forme permet également de mettre en évidence des interactions complexes. Le système dans lequel s’inscrit la problématique traitée est ainsi plus facilement appréhendable. L’illustration permet donc de dépasser le cadre du discours théorique et de le reconnecter aux aspects pratiques.

Quand elle est bien conçue et pensée, la force d’une visualisation peut consister en une forme d’immédiateté de la réception levant les barrières traditionnelles de communication, souvent liées au langage ou à l’écriture. Cela peut provoquer une expérience sensible et délimiter un lieu commun ouvrant des pistes à l’échange. Le designer produit donc régulièrement des objets ou visualisations intermédiaires qui n’ont pas pour but de répondre directement à la question posée mais qui font, ne serait-ce que par les réactions qu’elles provoquent, fortement avancer la conception. On parle même parfois d’ « objets martyrs », les pauvres…