Comment réaliser le diagnostic et déterminer les principaux enjeux d’un sujet aussi vaste et sensible ?
La nuit, une politique émergente transversale
La vie nocturne d’une cité recouvre de multiples facettes. Les besoins de repos et de tranquillité cohabitent avec la vie culturelle, artistique et festive, ainsi qu’avec les activités économiques, sanitaires, de service… qui pour certaines s’exercent 24 heures sur 24. Face à ces usages diversifiés, pour ne pas dire contradictoires, la Ville de Nantes a décidé de faire de ce sujet une politique publique à part entière et a missionné l’agence Grrr pour créer un diagnostic partagé qui pourrait servir de socle à cette politique.
C’est dans un contexte tendu avec des prises de position antagonistes, notamment entre riverains et personnes adeptes des sorties, que Grrr a animé 3 ateliers faisant émerger des constats et des orientations communes.
La nuit, c’est quand ? Comment on se déplace la nuit ? Le travail de nuit est-il une contrainte ? Au coeur de la nuit, où sont les habitants de la métropole nantaise ? Dans quels quartiers nantais observe-t-on des mouvements de population au cours de la nuit ? Finalement, pourrait-on créer une photo de la nuit nantaise ? Autant de questionnements qui ont été soulevés lors d’une série d’ateliers où la représentation graphique a été l’outil principal.
Le graphisme comme outil de médiation et de représentation
En tant que designers, l’image n’est pas qu’un résultat, c’est aussi un moyen. Pour permettre à une vingtaine de nantais de fabriquer « à quarante mains » la nuit nantaise, nous avons utiliser l’image, et en particulier la cartographie, comme outil de médiation. Nous avons d’abord déterminer un cadre : les parcours et usages de la nuit variant beaucoup selon l’heure, le territoire (centre-ville, quartiers, au-delà du périphérique…) ou encore selon la saison, nous avons proposé une trame à même de révéler la diversité des situations et permettant d’identifier les « espaces-temps » clés.
Durant les ateliers, les participants ont pu positionner sur cette trame les différents acteurs de la nuit, leurs actions et des éléments plus subjectifs comme les ambiances perçues. Qu’une vision commune se dégage ou qu’une différence de point de vue se confirme, cela était alors représenté et soumis à la validation du groupe. Une représentation graphique synthétique a ainsi été créé. Cette « radiographie » est une représentation sensible de la nuit nantaise vu par ceux qui la vivent.
Afin d’enrichir ce point de vue qualitatif et de vérifier un peu sa représentativité, la radiographie réalisée en 3 ateliers avec 20 participants a été présentée et discutée lors du forum de la nuit nantaise qui a réunit 70 personnes.
Les réactions et compléments ont été collectés sur le même fond graphique. Les discussions, qui se sont d’abord concentrées sur les zones de conflits et de différences d’appréciation, ont fait ressortir des informations tout à fait conformes à celles exprimées par les différents groupes d’atelier. Cette étape a donc permis de confirmer la première lecture tout en l’enrichissant d’éléments de constats et de propositions complémentaires.